Publié le 1 mars 2015

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L'essentiel

Plusieurs déterminants de virulence et d'adaptation modulent le pouvoir pathogène des virus influenza, ainsi que leur capacité à s'installer durablement chez une ou plusieurs espèces hôtes, parmi lesquelles les volailles domestiques ou les mammifères. Ces déterminants sont distribués sur l'ensemble du génome viral, et nous nous intéressons particulièrement à ceux portés par la protéine non-structurale NS1 du virus. Depuis l'an 2000, tous les virus H5N1 hautement pathogènes circulant en Asie ont acquis une modification de la protéine NS1, consistant en un raccourcissement de la région flexible liant le « RNA-binding domain » au domaine effecteur. Nous avons voulu savoir si cette mutation (une délétion de cinq acides aminés) procurait un avantage sélectif au virus, y compris en dehors du contexte des virus H5N1. Nous avons introduit par génétique inverse cette mutation (NSdel8084) dans un virus influenza aviaire H1N1, et nous avons comparé les phénotypes des virus muté et sauvage, in vivo dans un modèle expérimental de poulets, et in vitro en culture de cellules épithéliales de poumon de poulet. Chez les poulets infectés expérimentalement, le virus NSdel8084 montre une réplication accrue et un pouvoir pathogène augmenté. Ce phénotype in vivo est corrélé à une meilleure réplication du virus dans une ligné de cellules épithéliales de poulets ainsi que dans l'oeuf embryonné. Nos résultats, joints au fait que le segment porteur de cette mutation, provenant de virus H5N1, a depuis été retrouvé en Asie chez des virus non-H5N1, démontrent que l'avantage sélectif que procure cette mutation n'est pas limité aux virus H5N1. Il pourrait être judicieux de rechercher l'existence de cette mutation dans les virus influenza aviaires circulants.