Publié le 2 juil. 2024

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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024

L'essentiel

La furonculose est une maladie causée par la bactérie Gram négative Aeromonas salmonicica subsp salmonicida(ASS). Elle peut affecter les poissons à différents stades d’élevage, et se caractérise par une mortalité et une morbidité élevées. En France, cette maladie a tendance à s’exprimer plutôt en été, lorsque les eaux sont plus chaudes. Le réchauffement climatique est donc une source d’inquiétude pour toute la filière. Objectif : L’objectif de cette étude est de déterminer les CMI (concentration minimales inhibitrices) d’ASS provenant d’isolats cliniques de truites Arc-en-ciel pour huit antibiotiques : le florfénicol, l’acide oxolinique, la fluméquine, l’enrofloxacine, la sulfadiazine seule et en association avec le triméthoprime, l’oxytétracycline et la doxycycline. Méthodologie : 406 souches bactériennes, provenant de deux laboratoires partenaires (LABOCEA et GDSAA), et isolées sur la période 2012-2021, ont été étudiées. Pour chaque souche bactérienne, l’identification de l’espèce ASS a été confirmée en combinant une identification par PCR, le spectre MALDI-TOF et les données de culture (pigmentation spécifique en milieu TSA). Toutes les CMI ont été obtenues en milieu liquide selon la procédure recommandée par le CLSI. Des seuils épidémiologiques provisoires ont été calculés pour chaque antibiotique selon deux méthodes distinctes. Résultats : Pour le florfénicol, la proportion des souches non sauvage en France est de 21 %. Concernant les quinolones de première (acide oxolinique) et de seconde (fluméquine) génération, par comparaison aux données de la littérature, on peut conclure à la quasi disparition de la population sauvage d’ASS en fermes piscicoles françaises (respectivement seulement 7 et 8 souches avec une CMI ≤ 0,12 µg/mL). Il semble de ce fait très important de réévaluer à la fois les schémas posologiques et les breakpoints utilisés dans les antibiogrammes pour ces molécules. Pour l’enrofloxacine, en l’absence de seuil internationalement reconnu, on peut déterminer un seuil épidémiologique provisoire de 0,5 µg/mL. Si l’on considère les données récemment publiées sur la pharmacocinétique de l’enrofloxacine chez la truite, ce seuil discrédite l’utilisation de cette molécule pour le traitement de la furonculose. Les résistances à la sulfadiazine seule concernent 100 % des souches testées (avec des CMI toutes supérieures à 16 µg/mL). Si les valeurs enregistrées pour l’association sulfadiazine/triméthoprime révèlent que près de 70% des souches restent sensibles à cette association, des questions sont apparues dans la littérature sur la réalité de cette synergiein vivo en médecine vétérinaire. Enfin, concernant les tétracyclines (oxytétracycline et doxycycline), les résistances sont croisées entre les deux molécules, et plus de 56% des souches ont une CMI supérieure au seuil épidémiologique. Conclusion : Cette étude montre une proportion forte de souches d’ASS avec une sensibilité réduite aux principaux antibiotiques utilisés en filière truite. Ces données seront utiles pour améliorer la détermination des seuils critiques utilisés dans les antibiogrammes vétérinaires, afin d’optimiser la prise en charge thérapeutique et de limiter le développement des résistances.