Publié le 2 juil. 2024
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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024
L'essentiel
L’efficacité alimentaire est un caractère clé pour la durabilité de la pisciculture. Une meilleure efficacité alimentaire permet en effet de diminuer les coûts de l’alimentation, de diminuer à la fois l’impact global de la production des matières premières alimentaire et l’impact local lié à l’eutrophisation, et enfin de diminuer la compétition pour les ressources alimentaires. Pour l’améliorer par la génétique, il faut cependant pouvoir l’estimer individuellement sur un grand nombre de poissons, ce qui est difficile car la mesure de l’ingéré individuel n’est pas possible en conditions d’élevage classique. Dans un projet précédent, nous avons mis au point une méthode d’estimation individuelle de l’efficacité alimentaire du bar en aquarium individuel sous alimentation restreinte au stade juvénile, ceci permettant pour chaque poisson d’avoir une mesure de sa croissance et de son ingéré, et donc de son indice de conversion individuel (ICa). Nous avions également montré que dans ces conditions d’alimentation restreinte, le taux de croissance journalier en aquarium (TCJa) était un excellent prédicteur d’ICa. En partant de 399 bars pour lesquels nous avions le TCJa et un génotype pour 1110 marqueurs SNP, nous avons sélectionné par sélection génomique (GBLUP) 27 futurs parents efficaces (Eff+), 35 parents « moyens » (Eff0) et 29 parents inefficaces (Eff-). Trois groupes de descendants ont été produits 3 ans plus tard à partir de 9 parents Eff+, 13 parents Eff0 et 19 parents Eff-. Les performances en aquariums individuels ont été évaluées pour 259 d’entre eux. Des performances de groupe ont également été mesurées à partir de 142g. A 240g, les poissons ont été abattus pour évaluer des caractères de découpe. Sur la phase d’évaluation en aquariums individuels (qui représente le caractère sélectionné), les poissons Eff+ ont montré une meilleure efficacité (TCJa et ICa) que les deux autres groupes, et également une meilleure adaptation aux aquariums. Sur la phase de test en groupe (qui représente le caractère cible, l’efficacité alimentaire en groupes nourrisad libitum, l’écart entre Eff- (IC=1.83) et Eff+ (IC=1.61) était très significatif (P<0.001), Eff0 se trouvent entre les deux. Pour les caractères à l’abattage, les Eff+ (27.4 cm) étaient plus grands que Eff0 (26.1 cm) et Eff- (25.5 cm) et plus élancés (K de Fulton inférieur). Il n’y avait aucune différence de rendement de filet bien que les Eff+ aient un rapport viscéro somatique légèrement supérieur. Aucune différence de pourcentage de tête ni de gras musculaire n’a pu être mise en évidence. Par contre, on notait plus de femelles chez les Eff- (57.1%) et les Eff0 (51.6%) que chez les Eff+ (43.9%). Ce travail démontre que la sélection pour l’efficacité alimentaire en aquariums individuels est efficace chez le bar, et permet des gains conséquents (ici 11% d’écart entre les lots extrêmes en une génération), avec un bénéfice corrélé sur la croissance. Le seul effet indésirable est l’augmentation du rapport viscéro somatique, cependant à un niveau suffisamment faible pour qu’il n’y ait aucun impact sur le rendement en filet. Ce travail a été financé par le projet Européen AquaIMPACT (H2020, GA No. 818367).