Publié le 2 juil. 2024

Téléchargements

Télécharger l'article
Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024

L'essentiel

Un défi du développement durable de l’aquaculture marine est de déterminer le niveau de production respectant la capacité de support écologique (CSE) des écosystèmes récepteurs. La plupart des seuils environnementaux ont été définis pour les écosystèmes tempérés or très peu d’études proposent des seuils d’impact applicable en milieu tropical. L’objectif de cette étude est d’évaluer la dispersion, la déposition et l’impact potentiel des rejets d’une ferme piscicole (Sciaenops ocellatus) sur les écosystèmes benthiques. Une campagne d’échantillonnage a été réalisée de novembre à décembre 2022 dans la baie du Robert (Martinique). Des pièges à particules ont été déployés à 0, 25, 50 et 150 m (contrôle) des cages le long de deux transects. Un courantomètre a également été déployé à proximité de la zone d’étude et les données zootechniques de la ferme ont été collectées. Des échantillons de sediment ont été prélevés afin d’analyser leurs compositions physico-chimiques, ainsi que la structure et la diversité des communautés benthiques. Des analyses isotopiques (δ15N et δ13C) de chaque compartiment (aliment, matière sédimentée dans les pièges, sédiment) ont été réalisés afin de tracer le devenir des rejets piscicoles dans l'environnement. L’analyse des profils verticaux de courant sur la période échantillonnée met à jour des intensités de courant relativement faibles (3 cm s-1 en moyenne sur la colonne d’eau). Les taux de sédimentation de la matière organique particulaire (MOP) sont significativement plus élevés à 0 m sur les deux transects (SE et SW) avec respectivement 3,6 ± 0,8 et 3,1 ± 0,2 g m2 j-1 de MOP sédimentée. La teneur en MO dans le sédiment n’est pas significativement différente entre les stations sur chacun des transects avec des taux variant entre 10,8 ± 0,8 % (SE) et 11,7 ± 1,5 % (SW). L’analyse des isotopes stables (13C et 15N) révèle que la signature isotopique de la MO récoltée à 0 m des cages est différente de celle récoltée à 25, 50 et 150 m de la ferme. En effet, les analyses ont révélé une déplétion en 13C et un enrichissement en 15N à 0 m des cages et donc une signature isotopique qui a plutôt tendance à se rapprocher des valeurs isotopiques de l’aliment pour poisson. En termes d'assemblage des communautés benthiques, la diversité et l’abondance des communautés augmentent de manière significative avec l'augmentation de la distance par rapport aux cages.  L’influence de la ferme piscicole s'exprime donc à petite échelle (< 25 m). Ces premiers résultats permettront par la suite de valider les simulations d’un modèle d’impact qui est en cours de développement (MOCAA’pp).