Publié le 2 juil. 2024
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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024
L'essentiel
Les programmes de sélection piscicoles visent à assurer du progrès génétique sur=des caractères ciblés pour maximiser les profits économiques. Ainsi, les pondérations des différents caractères sous sélection sont les valeurs économiques dérivées à l’aide d’équations de profit. Or, dans un contexte où les impacts environnementaux de la pisciculture sont questionnés, il existe un intérêt grandissant à certes considérer les gains économiques mais également les impacts environnementaux dans les programmes de sélection. Objectifs : Cette étude visait à définir des objectifs de sélection de truite arc-en-ciel basés sur les valeurs environnementales de trois caractères (la croissance, l’ingéré et la survie) dérivées de différentes catégories d’impact incluses dans une Analyse du Cycle de Vie (ACV). Les réponses à la sélection ont ensuite été prédites pour les objectifs de sélection retenus. Méthodologie : Les valeurs environnementales des caractères considérés ont été obtenues par la réalisation d’ACV en modifiant indépendamment les unes des autres les performances moyennes des caractères dans un programme de simulation de ferme de production de très grandes truites (3 kg) que nous avons créé. Nous avons considéré neuf catégories d’impacts environnementaux, à savoir le changement climatique, le potentiel d’acidification, l’eutrophisation marine, l’eutrophisation des eaux douces, l’écotoxicité terrestre, l’écotoxicité aquatique, l’usage des terres, la dépendance à l’eau et la demande cumulée en énergie. Minimiser chacun de ces neuf impacts correspond à un objectif de sélection particulier. Les réponses à la sélection sur ces différents objectifs de sélection ont ensuite été prédites pour un programme de sélection trutticole. Nous nous sommes basés sur la littérature pour obtenir les paramètres génétiques et des corrélations des caractères considérés. Résultats : Les valeurs environnementales pour chacun des caractères étaient très proches pour plusieurs catégories d’impacts. Nous nous sommes donc focalisés sur trois objectifs de sélection distincts, visant à réduire l’eutrophisation, l’écotoxicité terrestre et la dépendance à l’eau. Nos simulations ont montré que les impacts environnementaux peuvent être réduits de 2 à 3% par an pour l’eutrophisation et l’écotoxicité terrestre. Le progrès génétique réalisé sur l’ingéré et la croissance permet une réduction annuelle de l’indice de consommation (IC) de 2,5% tandis que la survie n’est pas améliorée. Pour la dépendance à l’eau, les résultats sont moindres avec une réduction inférieure à 0,1% des besoins en eau. Le progrès génétique concerne principalement la survie (fixée initialement à 85%) avec une amélioration annuelle de 0,14% tandis que le progrès génétique sur les autres caractères est plus faible avec un IC globalement maintenu constant. Conclusions : Nos résultats montrent qu’il est possible de répondre à des objectifs de réduction des impacts environnementaux en utilisant la voie de la sélection génétique. Cependant, les conséquences économiques d'une telle stratégie de sélection génétique restent à étudier.