Publié le 2 juil. 2024
Téléchargements
Télécharger l'article
Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024
L'essentiel
Les proies vivantes ont un rôle crucial dans l’alimentation larvaire des poissons marins, permettant un nourrissage en continu en fournissant des nutriments essentiels. Aujourd’hui, les nauplii d’Artemia sont les plus largement utilisées, mais nécessitenet la mise en place de cultures, tout en étant pauvres en acides gras essentieles EPA et DHA. La société Planktonik A.S. (Trondheim, Norvège) produit du Cryoplankton, qui sont des larves de balanes cryoconservées dans l’azote liquide, qui retrouvent leur mobilité à la décongélation. L’utilisation est plus simple que les Artemia, car il suffit de peser et de décongeler la quantité nécessaire chaque jour. Nous avons comparé un protocole classique d’élevage de larves de bar en eau claire sur Artemia à deux protocoles alternatifs utilisant du Cryoplanktion: 1) Témoin, le standard Ifremer: phase « noire » de 10 jours sans alimentation, puis alimentation sur Artemia de 24h jusqu’à J29, Artemia enrichies de J25 à J56, sevrage à J57 avec Biomar Larviva pro-start après cofeeding de J36 à J56 ; 2) Cryoplankton seul (Cryo-Dry) : pas de phase noire, nourrissage dès l’ouverture de la bouche (J5-J12) avec Cryoplankton small (Balanus crenatus) puis de J10 à J42 avec Cryoplankton large (Semibalanus balanoides, puis un sevrage sur aliment sec à J43 après un co-feeding de J25 à J42 ; 3) Cryoplankton-Artemia (Cryo-Art) : identique au départ, puis Artemia enrichies de J25 à J56, sevrage sur aliment sec à J57 après un co-feeding de J36 à J56 . Des différences entre traitements ont été vues dès J10, où les 2 traitements Cryo étaient plus grands que le témoin. A J75, le poids était de 278±8 mg pour Cryo-Dry, 269±8 mg pour Cryo-Art contre 178±8 mg chez le Témoin. La survie à J75 était plus forte chez le témoin (38.4%) que chez Cryo-Art (32.9%) Cryo-Dry (28.9%) mais la biomasse était 20 à 28% supérieure dans les traitements Cryo. Ceci peut s’expliquer en partie par des taux d’inflation de la vessie natatoire inférieurs chez Cryo-Dry (75.0%) et Cryo-Art (82.9%) à J14 comparés au témoin (97.5%), les poissons sans vessie ayant disparu dans tous les traitements (<0.3%) à J75. A la suite de la phase écloserie, les poissons ont été suivis jusqu’à l’âge d’un an. A cet âge, les poissons Cryo avaient un taux plus faible de malformation operculaire (<1% contre 14% chez le témoin), des taux de malformations vertébrales équivalents au témoin, un poids supérieur au témoin (+7-11%), avec un coefficient de variation inférieur. Les lots alimentés au CryoPlankton ont eu des résultats équivalents ou supérieurs au témoin pour tous les caractères mesurés, à l’exception du taux d’inflation de la vessie natatoire et de la survie en fin d’élevage larvaire, les deux étant vraisemblablement liés. Leur alimentation plus précoce (J5 au lieu de J10) à une période sensible pour l’inflation de la vessie natatoire réclame probablement une adaptation des protocoles d’écrémage de surface (mis en place ici à J7 dans tous les traitements). Ce travail a été financé par le projet d’accès transnational CRYOBASS (PID22312) du projet Européen AQUAEXCEL3.0 (H2020, GA No. 871108).