Regard historique sur la filière française grand export et perspectives

La filière française poulet grand export, créée de toutes pièces à la fin des années 1960 dans le Grand Ouest à l’initiative de trois industriels, a connu une croissance exceptionnelle au cours des années 1970, soutenue par les aides communautaires à l’exportation (restitutions). Plus de 300 000 tonnes de poulet entier congelé ont ainsi été exportées par la France en 1982 et 1983 principalement à destination de l’Arabie Saoudite (30 %), du Yémen (13 %) et de l’URSS (10 %). Après avoir ensuite connu une période difficile en raison d’une conjoncture moins favorable (émergence de la concurrence brésilienne et arrêt des ventes vers l’URSS), les volumes ont de nouveau régulièrement cru jusqu’à la fin des années 1990 (298 000 tonnes en 1998), période où les conséquences de la mise en place des accords du GATT en juillet 1995 ont commencé à produire leurs effets. Les exportations ont alors diminué pour atteindre un point bas en 2005 (183 000 tonnes) – l’année 2006 étant atypique en raison de l’influenza aviaire (133 000 tonnes) – avant de se stabiliser entre 2011 et 2013 autour de 240 000 tonnes. Au milieu des années 2000, la Commission européenne a progressivement démantelé les soutiens à l’exportation dans le secteur agricole, la filière volaille en a été la dernière bénéficiaire et ce jusqu’en juillet 2013. Le montant de la restitution représentait encore en 2012, environ 20 % du prix de vente. Depuis, la filière française et surtout les deux dernières entreprises spécialisées dans l’exportation de poulet entier congelé vers le Proche et Moyen-Orient, doit faire face à une nouvelle donne : Comment peut-elle maintenir son potentiel de production, ses producteurs, son industrie, ses emplois, sa recherche ? Comment trouver un nouveau souffle dans un environnement européen extrêmement concurrentiel ? Alors que la France est devenue, en volume et en valeur, déficitaire nette en viande de volaille début 2014, la reconquête du marché intérieur et une stratégie à l’exportation sont-elles encore possibles ?