Publié le 9 mars 2022
Etude présentée aux 14èmes JRA-JRFG

L'essentiel

Les effets de la nutrition maternelle sur les phénotypes des descendants sont activement étudiés chez les animaux d’élevage. Chez le canard mulard, nous avons étudié les effets d’un régime alimentaire maternel restreint en méthionine (0,25% versus 0,40%) sur le métabolisme hépatique des descendants et sur leurs performances zootechniques en lien avec la production de foie gras. Un lot de 60 canes communes a été divisé en 2 groupes à l’âge de 10 semaines. La restriction a été appliquée chez 30 canes pendant les périodes de croissance et de ponte, de 10 à 51 semaines d’âge. Elle n’a affecté ni la courbe de croissance, ni la courbe de ponte, mais elle a diminué le poids de l’œuf (P < 0,001), le poids du blanc d’œuf (P < 0,001) et le poids des canetons à l’éclosion (P < 0,001). Elle a aussi affecté leur métabolisme énergétique car leurs taux plasmatiques de glucose (P = 0,03) et de triglycérides (P = 0,01) ont été augmentés alors que celui des acides gras libres a été diminué (P = 0,01) tout comme l’activité de l’alanine aminotransférase (P = 0,002). Les canetons ont ensuite reçu une alimentation classique lors des phases d’élevage et de gavage. A 12 semaines d’âge, avant la mise en gavage, les mulards du groupe issu de canes restreintes étaient plus maigres, avec un taux de lipides hépatiques (P = 0,005) et un poids de gras abdominal (P < 0,04) plus faibles. Puis, après 12 jours de gavage, l’état d’engraissement des mulards est resté altéré puisque le poids du foie gras était diminué de plus de 10 % chez les descendants des canes restreintes en méthionine (494,5 g versus 545,9 g ; P = 0,003). En conclusion, la restriction maternelle en méthionine appliquée lors de la production des gamètes, puis la moindre disponibilité en nutriments lors du développement embryonnaire dans l’œuf, ont conduit à une programmation nutritionnelle dont les effets sur le métabolisme hépatique des descendants perdurent au-delà de la période de gavage.