Publié le 1 avr. 2015

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L'essentiel

La législation européenne relative au bien-être des animaux d’élevage s’oriente vers une obligation de résultats plutôt que de moyens, nécessitant le développementd’indicateurs de bien-être basés sur l’animal adaptés aux filières, fiables et simples d’utilisation. A cette fin, les acteurs du Palmipôle, en collaboration étroite avec laprofession, ont travaillé sur la réalisation d’une grille d’évaluation spécifique et objective de l’intégrité physique des canards mulards pour chacune des étapes de laproduction (démarrage, élevage et gavage). Après un travail bibliographique, des observations et relevés photographiques ont été réalisés sur des animaux produitssur le terrain, à différents âges et à différents moments de l’année, afin de balayer l’ensemble des lésions observables ainsi que les niveaux de gravité possibles. Apartir de ces données, des échelles de gravité adaptées à l’espèce pour chaque critère observé ont été proposées par le groupe de travail auquel étaient associés desvétérinaires. Quatre critères sont mesurables pour tous les stades de la production : les dermatites du coussinet plantaire, des doigts et des tarses et l’état du bréchet(emplumement et lésions). Des critères supplémentaires (propreté, état des ailes et du dos, blessures au jabot) sont plus spécifiques à certains stades de la production.Afin de faire un premier état des lieux et d’initier une démarche d’amélioration à l’échelle de la filière, cette grille a été utilisée pour suivre 63 lots, variant sur la densitédémarrage et le système d’élevage, provenant de 44 élevages différents et répartis sur deux saisons (été/hiver). Une enquête a été réalisée parallèlement sur lespratiques des éleveurs. Ces observations ont permis de mettre en évidence les principaux défauts d’état et leur cinétique d’apparition, mais aussi d’évaluer les relationsentre les critères. Une tendance à la dégradation moyenne de l’état des canards au cours des stades successifs a été notée ainsi que l’apparition très précoce de certaineslésions, en particulier les pododermatites. Ces lésions sont par ailleurs celles qui enregistrent les prévalences les plus élevées, devant les défauts d’emplumement ventral(assez présents) ou les autres lésions dont les occurrences observées sont plus faibles. La comparaison des résultats obtenus pour les différents lots suivis montre enoutre qu’il existe une forte variabilité pour la plupart des mesures observées et, de fait, que le système d’évaluation est discriminant. Ceci indique par ailleurs une margede progrès importante, certains lots obtenant pour certains critères des résultats très satisfaisants, comparés aux autres. Les mesures réalisées ont par ailleurs permisde mettre en évidence des corrélations positives significatives récurrentes entre certains critères, notamment entre les lésions des pattes (arthrites comprises). Garderun seul de ces critères semble donc une perspective de simplification et d’allégement de la méthode pour une évaluation à grande échelle. Compte tenu des observationsréalisées, de la faible prévalence des lésions tarsiennes observées sur l’échantillon en élevage et dans un souci d’homogénéité entre filières avicoles, seul l’état ducoussinet et l’état du bréchet pourraient être conservés. Les lésions dorsales et au jabot sont aussi pertinentes à conserver. En termes de facteurs de risque, les facteursde discrimination des élevages fixés a priori (densité démarrage, catégorie croissance et saison) ne suffisent pas à expliquer à eux seuls la variabilité des notes. Si lesleviers d’amélioration restent à étudier plus en détail, ce projet a d’ores et déjà permis d’identifier des pistes de travail qui seront testées en station en 2015.