Publié le 2 juil. 2024

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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024

L'essentiel

En tant qu’animal poïkilotherme, la truite arc-en-ciel, espèce aquacole d’importance majeure en France, est sensible aux variations de température de l’eau. En élevage, des conditions thermiques défavorables sont à l’origine de problèmes tels que l’augmentation de la mortalité, des pressions de pathogènes et leur émergence, une diminution de l’ingéré et de pertes de croissance. Compte tenu du changement climatique, les températures sont amenées à fluctuer davantage autour de la valeur moyenne. Il semble donc intéressant de pouvoir sélectionner des poissons robustes, plus tolérants à cette augmentation de température, permettant ainsi aux entreprises d’être moins dépendantes des conditions du milieu et d’être plus résilientes face au changement climatique. Actuellement, le seul moyen de tester la capacité de résistance des truites à la température (ou hyperthermie) est de procéder à un test aiguin vivo conduisant à la perte d’équilibre des poissons. Cette procédure expérimentale est à ce jour classée « sévère » par les comités d’éthique. Plusieurs études de résistance à l’hyperthermie ont été menées sur d’autres espèces de poissons et ont démontré qu’il existe une forte corrélation entre les résistances mesuréesin vivo et celles mesuréesinvitro. Ces testsin vitro consistent à effectuer des tests de température sur des cellules issues de nageoires et estimer le pourcentage de mort cellulaire. L’objectif de cette étude est de mettre au point un testin vitro de température chez la truite et d’estimer la corrélation entre phénotypes mesurésinvivoetin vitro. Des cultures primaires de cellules d’échantillons de nageoires caudales prélevés sur 6 poissons d’une lignée expérimentale INRAE ont été initiées. Des essais ont été réalisés en exposant les cellules à différentes températures durant un temps d’incubation compris entre 1h et 4h. Régulièrement des échantillons ont été prélevés et des dosages de Lactate Déshydrogénase (LDH), relâchée par les cellules mortes, ont été menés afin d’estimer le pourcentage de mort cellulaire. Ces essais permettent de calibrer les conditions de test qui seront ensuite réalisés sur des cellules de 30 poissons. Les phénotypes de résistance à l’hyperthermie seront ensuite mesurésin vivo chez ces mêmes poissons afin d’estimer les corrélations entre mesuresin vivoetin vitro. Les mises au point des testsin vitro de température sont en cours. Plusieurs températures et temps d’incubation ont été testés et une tendance à une augmentation de la mort cellulaire avec la température a été observée. Toutefois, la mise au point méthodologique se poursuit afin d’identifier les conditions de tests optimales. Le phénotypagein vitro ouvre la voie vers l’obtention de performances pour des caractères nécessitant, habituellement, des procédures sévères. Dans le cadre des 3R, cette approche non invasive représenterait un progrès éthique important en recherche et en sélection si elle s’avère efficace pour discriminer et classer les candidats à la sélection. Cette étude a été financée par les Fonds européens pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture et France Agrimer (projet Hypotemp, N° P FEA470019FA1000016