Publié le 2 juil. 2024
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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024
L'essentiel
L'Aquaculture Multi-Trophique Intégrée (AMTI) apparaît comme un système intéressant pour réduire l'impact environnemental de l'aquaculture grâce aux interactions trophiques entre différents compartiments d’élevage. Le développement de l'AMTI dans les zones côtières nécessite de montrer l’existence de ces interactions trophiques entre les différents compartiments aquacoles concernés. Par conséquent, nos capacités à décrire les interactions trophiques sont un préalable et nécessitent la mise en place de méthodes qualitatives et quantitatives applicables en milieu ouvert. Pour répondre à cette problématique, le projet AMIMA (Améliorer les méthodes de suivi environnemental pour une gestion intégrée de l’aquaculture en mer) avait deux objectifs : 1/ Proposer des méthodes adaptées pour caractériser et suivre les interactions entre différents compartiments aquacoles en zone côtière, et 2/ Evaluer ces méthodes sur un site pilote : l’estuaire du Trieux (Côtes d’Armor). Suite à un travail préalable de recensement, deux types de méthodes ont été retenus parmi celles disponibles pour suivre les interactions trophiques : - Une méthode indirecte correspondant au couplage de modèles de bilan de masse et de croissance, pour quantifier les échanges de nutriments (i.e. flux d'azote et de phosphore) entre les compartiments et l'environnement. Cette approche vise à quantifier la contribution des apports de nutriments issus d’un élevage de poissons vers d’autres compartiments aquacoles du site (ostréiculture et algoculture). - Une méthode directe correspondant à l’utilisation d’un ensemble de marqueurs trophiques complémentaires : acides gras, isotopes stables du carbone et de l’azote, barcoding ADN de contenus digestifs. Cette approche par marqueurs trophiques vise à suivre la trace de composants organiques et inorganiques provenant des poissons d’élevage vers les autres compartiments aquacoles et les biocénoses adjacentes. Avec la méthode indirecte, le bilan azoté calculé est négatif (-4291 kg N/an) où les rejets des poissons (357 kg N/an) sont largement compensés par la rétention dans les huîtres (4636 kg N/an) et les algues (12 kg N/an). Pour le phosphore, c’est l’inverse (+26 kg P/an). Toutefois, ces quantités sont négligeables au regard des apports d’origine terrestre, déversés par le Trieux (+429 t N/an et +12 t P/an). En parallèle, les marqueurs testés dans le cadre de la méthode directe ne mettent pas en évidence de lien trophique entre l’élevage de poissons et les huîtres ou les algues, sauvages ou élevées, sur l’ensemble de l’estuaire. En conclusion, pour l’approche indirecte, les modèles sont à améliorer mais reflètent correctement les productions recensées sur le site. Pour l’approche directe, l’observation de liens trophiques entre les compartiments considérés semble masquée par le fort apport de nutriments provenant du Trieux et/ou par une sensibilité insuffisante des marqueurs. Il est donc nécessaire d’évaluer les méthodes en conditions de moindre influence terrigène.