Publié le 1 mars 2019
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Etude présentée aux 13èmes JRA-JRFG
L'essentiel
L’élevage est aujourd’hui au cœur d’une controverse qui implique des acteurs variés et questionne la place de l’activité dans la société. Les débats autour de la condition des animaux en élevage ou de la consommation de produits animaux, très médiatisés, traduisent des évolutions de fond à l’œuvre dans la société.
Si l’environnement est longtemps apparu comme la préoccupation centrale de nos concitoyens, les questions de bien-être animal sont aujourd’hui au cœur des débats. Les associations de protection animale et beaucoup de citoyens associent le bien-être animal à des critères assez généraux : pouvoir bouger et se déplacer librement, avoir accès à de la lumière naturelle, respirer de l'air frais,… Pour eux, le bien-être des animaux n’est respecté que s’ils ont la possibilité d’exprimer leur comportement naturel. L’attente principale d’une grande majorité de citoyens-consommateurs concerne le plein air car, pour eux, c’est lorsqu’ils sont dehors que les animaux peuvent, au mieux, exprimer leur comportement naturel. Cinq visions pour l’élevage de demain coexistent dans la société : les « abolitionnistes » sont opposés moralement à l’élevage, les « alternatifs » sont opposés au système intensif mais favorables à l’agriculture biologique ou alternative, les « progressistes » sont favorables à une diversité de systèmes mais se montrent inquiets quant aux pratiques d’élevage qu’ils méconnaissent, les « compétiteurs » souhaitent que l’élevage français s’intensifie pour gagner en compétitivité sur les marchés internationaux, et enfin les « indifférents » ne sont pas préoccupés ni même intéressés par leur alimentation. Les stratégies des filières pour répondre à la diversité de ces préoccupations sociales et améliorer les relations entre la société et l’élevage oscillent, à l’heure actuelle, entre la communication sur les bonnes pratiques des éleveurs français et une adaptation de ces pratiques aux attentes des citoyens.
Les demandes des consommateurs concernant le bien-être animal s’inscrivent dans un contexte et une évolution du monde qui amplifient les inquiétudes de chacun. Les enjeux nombreux, l’environnement, la santé, les fractures sociales semblent de fait hypothéquer notre avenir et interrogent notre rapport au vivant et de nombreux paradigmes dont nous sommes les héritiers. Dans ce contexte, le bien-être animal arrive au cœur des débats. Mais qui sont les animaux dont on parle ? Et cette nouvelle préoccupation ne résulte-t-elle pas d’une nouvelle forme d’anthropomorphisme ? Quoiqu’il en soit, répondre aux demandes concernant le bien-être animal exige que nous repensions nos liens au vivant mais aussi les liens entre producteurs et consommateurs, l’économie et la société et que nous sortions d’une dichotomie radicalisée entre l’industrie et une nature trop souvent idéalisée