La co-innovation pour penser les élevages de poulets de demain : retour d’expérience d’une recherche participative

Malgré des progrès économiques et sanitaires, le mode d’élevage « standardisé » est aujourd’hui perçu par certains citoyens-consommateurs comme « industriel », et les critiques adressées au secteur de l’élevage sont de plus en plus fréquentes en France. Cette controverse autour de l’élevage témoigne d’un besoin de redéfinition collective de ce qu’il est acceptable de faire avec les animaux d’élevage. Le projet CASDAR COCORICO, piloté par l’ITAVI, envisage, grâce à une démarche multiacteur, la proposition de solutions innovantes pour un mode d’élevage de poulets « standard » amélioré en termes de bien-être des animaux, tout en maitrisant les surcoûts économiques et l’impact environnemental. Pour cela, le projet se structure autour d’une démarche de co-innovation. La co-innovation est un processus de travail collaboratif, qui vise à encourager la co-conception en faisant appel à différentes compétences. Un premier atelier multiacteur organisé fin 2021 a réuni une vingtaine de participants (professionnels de la filière, associations welfaristes, chercheurs,...) afin de réfléchir à des solutions pour l’élevage de demain. Par la méthode du coDesign, un travail de groupe a abouti à la production de 4 maquettes illustrant des systèmes d’élevage répondant aux objectifs du projet. Un deuxième atelier, organisé un an plus tard, a permis de croiser les grands enjeux de l’élevage (bien-être animal, économie, environnement) par la réalisation d’un exercice de prospective à l’horizon 2024, sous diverses contraintes. Ces ateliers ont permis au groupe, dans un processus itératif, non seulement de faire le point sur l’avancée des travaux de recherche, et par-là de se les approprier tout au long du projet, mais aussi de servir de force de proposition pour les (ré)orienter (tests en station expérimentale, choix d’indicateurs pour l’évaluation multicritère,...). Des propositions d’innovation concrètes ont été formulées pendant ces ateliers. Celles-ci ont dans un second temps été soumises à l’évaluation d’un panel plus large d’acteurs de la filière lors d’entretiens semi-directifs. Mais, plus largement, ce sont les discussions au sein du groupe qui ont été les plus riches et les plus inspirantes pour le reste de la recherche. Cette démarche participative a de plus permis l’interconnaissance entre des acteurs qui se côtoient peu, le partage des contraintes et besoins individuels et finalement la compréhension des enjeux complexes qui pèsent sur l’élevage de poulets standard. La démarche a donc constitué un mini-laboratoire pour observer l’acceptabilité en construction.