Publié le 2 juil. 2024
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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024
L'essentiel
L’un des objectifs du projet CEVIRAL ciblé sur la maladie du sommeil de la carpe en France était d’enrichir les connaissances sur les conditions de survenue des épisodes de maladie en recensant, caractérisant et investiguant les épisodes de mortalités. Dans ce cadre, quatre foyers de Carp Edema Virus (CEV) détectés en mai 2023 dans le département du Nord ont été étudiés. Dans un premier temps, des prélèvements visant à confirmer l’origine des mortalités ont été envoyés au Laboratoire Départemental d’Analyses du Jura pour recherche du CEV par PCR. Les prélèvements étant positifs, les ADN viraux ont fait l’objet d’une analyse phylogénétique par séquençage au Laboratoire National de Référence (LNR). Enfin, les quatre sites ont été visités et un questionnaire épidémiologique a été complété avec le gestionnaire du site afin de décrire plus finement les différents évènements associés à l’épisode de mortalité et de tenter d’identifier les voies d’introduction et de diffusion virales. De nombreux points communs ont pu être identifiés entre ces foyers, néanmoins, malgré leur proximité géographique et temporelle, aucun lien épidémiologique avéré n’a pu être identifié. La caractérisation génétique des virus a cependant montré que trois génotypes viraux distincts étaient impliqués dans les mortalités à l’échelle des quatre sites, avec deux sites co-infectés par deux d’entre eux. L’étude a mis en évidence le rôle probable de nombreux vecteurs (homme, matériel, avifaune sauvage et poissons) ainsi que des failles de biosécurité permettant d’expliquer à la fois l’introduction et la diffusion de la maladie sur ces sites. Elle a également permis de dégager, avec les gestionnaires, des pistes de réflexion et de relever des pratiques intéressantes mises en application sur certains sites pour prévenir la maladie ou en diminuer l’impact. Bien que limitée à l’étude de quelques cas, ces investigations ont permis de montrer l’hétérogénéité dans la surveillance, la prévention et la gestion des épisodes de CEV. La surveillance évènementielle (que ce soit en terme de pression de surveillance et de diagnostic) telle qu’elle est actuellement réalisée est insuffisante. Elle ne permet pas d’avoir une idée représentative et précise de la situation épidémiologique (prévalence de la maladie, localisation des cas, diversité génétique virale) très probablement sous-estimée. Il est par ailleurs important d’améliorer les pratiques de biosécurité et de poursuivre la sensibilisation de tous les acteurs professionnels et bénévoles afin de limiter la propagation et d’améliorer la lutte contre cette maladie d’importance pour la filière.