Publié le 9 mars 2022
Etude présentée aux 14èmes JRA-JRFG

L'essentiel

Le microbiote intestinal (MI) est essentiel au maintien de l'homéostasie intestinale, à la maturation du système immunitaire et à la résistance aux agents pathogènes. Le MI favorise et détermine de nombreux aspects du développement du système immunitaire inné via la production de métabolites, comme les acides gras à chaine courte (AGCC). De nouvelles données expérimentales chez la souris soulignent l’existence d’un dialogue entre le MI et les poumons, appelé « axe intestin-poumon », qui s’avère crucial dans l’immunité des muqueuses. Plusieurs composants et métabolites dérivés du MI, tels que les AGCC, se sont révélés des médiateurs essentiels qui régulent le fonctionnement du système immunitaire inné périphérique. Néanmoins, l'axe intestin-poumon est un concept qui reste inexploré chez le poulet, chez qui les agents pathogènes responsables des maladies aviaires les plus importantes sur le plan économique ciblent les tractus respiratoire et digestif. Afin de démontrer cette hypothèse nous avons exploré les effets d’un AGCC (butyrate) sur un modèle cellulaire original de cellule épithéliale de poumon de poulet. Nos résultats mettent en évidence une forte augmentation de l’expression d’OASL, un gène clé de l’immunité antivirale, par le butyrate à une concentration physiologique. Ce même métabolite potentialise la réponse immunitaire médiée par les interférons de type I (IFN-I) et par un agoniste TLR3. En parallèle, nous nous sommes intéressés à l’impact plus global de l’absence de microbiote sur le système immunitaire de l’animal. Pour cela, nous avons prélevé différents organes le long de l’axe intestin-poumon sur des poulets conventionnels (microbiote « normal ») et axéniques (sans microbiote). Nos premières données indiquent qu’il n’existe pas de différence entre le nombre et le phénotype des leucocytes de rates d’animaux conventionnels ou axéniques. Ces travaux ouvriront la porte à des nouvelles pratiques d’élevage et au développement de probiotiques dont le rôle serait de favoriser un développement précoce et favorable du microbiote et du système immunitaire.