Publié le 2 juil. 2024
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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024
L'essentiel
Les mycotoxines sont des métabolites secondaires toxiques produits par des champignons qui contaminent une large variété de céréales entrant dans la composition des aliments commerciaux destinés à la pisciculture. Les effets des mycotoxines sur les poissons dépendent du type de toxine, de la dose, du temps d’exposition et d’autres facteurs comme l’espèce. La principale voie d'entrée des mycotoxines est la voie orale, le tractus gastro-intestinal étant le premier système organique impacté. Le déoxynivalénole est le trichothécène le plus connu et le plus courant dans l‘alimentation de la truite extrêmement sensible à des niveaux faibles de déoxynivalénole (Hooft et al., 2011). Le déoxynivalénole constitue ainsi un facteur de stress « naturel » de choix pour évaluer les effets biologiques des mycotoxines en aquaculture. Cette étude a consisté à évaluer les effets aigu et chronique du déoxynivalénole choisi comme modèle pour mieux appréhender l’impact des mycotoxines sur les paramètres intestinaux. Quarante truites d’environ 737 g ont été réparties en 2 groupes (T1 et T2) répétés avec deux bassins de 10 truites par bassin. Ces deux groupes ont été testés sur une période de 28 jours après une période d’adaptation de 7 jours. Le groupe T1 a été nourri avec un régime alimentaire témoin sans addition de déoxynivalénole alors que le groupe T2 a été nourri avec un régime alimentaire témoin supplémenté avec une surdose de déoxynivalénole à 50 mg/kg d’aliment pour induire une modification de la paroi intestinale. L'effet aigu et chronique de la mycotoxine a été évalué par les paramètres de performance et de l'intégrité de la barrière intestinale distale et proximale (analyse de la concentration des jonctions serrées, zonula occludens 1 et 2) après 7 et 28 jours de distribution des régimes alimentaires. Après 28 jours, une dégradation du taux spécifique de croissance et de l’indice de conversion alimentaire a été observée pour T2 en comparaison à T1. Sept jours après le début de la distribution des régimes alimentaires, les concentrations en zonula occludens 1 et 2 ont augmenté dans l’intestin distal et proximal du groupe T2 comparé au groupe T1. Cette augmentation n’a plus été observée après 28 jours de supplémentation. À l’inverse, à J28, une augmentation des endotoxines dans le sang avec T2 a été enregistrée, indiquant une augmentation de la perméabilité intestinale. Ces résultats ont montré que le déoxynivalénole affectait les performances de croissance de la truite arc-en-ciel et modifiait la perméabilité intestinale. En effet, l’augmentation des concentrations des jonctions serrées dans l’intestin distal et proximal a montré que les poissons réagissaient à l’exposition à la mycotoxine pour faire face aux altérations physiologiques. Cette étude a permis de mieux appréhender le mode d’action de la déoxynivalénole et son utilisation dans un modèle de stress gastro-intestinal.