Publié le 2 juil. 2024
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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024
L'essentiel
L’enrichissement environnemental peut être défini comme étant une pratique d’élevage visant à satisfaire les besoins physiologiques et psychologiques d’animaux captifs en complexifiant leur environnement grâce à divers stimuli (Newberry, 1995). Parmi les différents types (physiques, sensoriels, cognitifs, sociaux, alimentaires) l’enrichissement physique est le plus étudié chez les poissons, et consiste à ajouter des structures complexes dans le bassin. Cependant, il nécessite un entretien régulier car il peut constituer un réservoir bactérien altérant la santé des poissons. Le projet EnriFish, visait à étudier chez la truite arc-en-ciel les effets d’un enrichissement environnemental innovant consistant à introduire dans le bassin dès les premiers stades de vie un tuyau générant un rideau de bulles. Pour cela, nous avons mis en place une expérimentation dans laquelle des truites triploïdes (souche automnale de la PEIMA) ont été exposées à une diffusion de bulles par période d’une heure 4 fois par jour à l’aide un diffuseur. Nous les avons comparées à un traitement contrôle où le diffuseur était également présent, mais inactif. Nous avons évalué l’impact de ces rideaux de bulles à court terme (7 semaines), et à long terme (21 semaines). . A court et long terme, nous avons constaté moins de comportements agressifs et anormaux au moment des diffusions de bulles où les poissons interrompaient toute activité et venaient à leur contact de façon active. A long terme, cette diminution a également été observée lors des périodes de nourrissages et lors des périodes neutres où aucune bulle n’était diffusée. Lors des tests de motivation à accéder à une zone où des bulles étaient diffusées, les jeunes truites naïves vis-à-vis des bulles s’y sont exposées plus longtemps, probablement en raison de leurs propriétés tactiles alors nouvelles, nous conduisant à considérer les bulles comme un enrichissement sensoriel. Lors des tests de réactivité émotionnelle à long terme, les truites du traitement bulles ont semblé moins peureuses que les truites témoins, indiquant une meilleure capacité à faire face à des événements stressants. Enfin, les observations faites lors des tests d’apprentissage ont montré que l’exposition à des diffusions séquencées de bulles avait la même influence positive qu’un enrichissement structurel sur les capacités cognitives des truites, ce qui leur permettrait de mieux s’adapter à un environnement changeant. Nous n’avons cependant pas observé d’effets sur la croissance ni sur les érosions de nageoire. Les niveaux de cortisol, mesurés avant et après le test de réactivité émotionnelle, étaient similaires dans les deux traitements. A court et long-terme nous avons testé l’effet de l’enrichissement sur l’amplitude de la réponse immunitaire après l’administration d’un immunostimulant de type bactérien (extrait de Vibrio) ou viral (poly I:C). Les données sont en cours d’analyse. En conclusion, la diffusion de bulles peut être considérée comme un enrichissement environnemental à la fois structurel, occupationnel et sensoriel (complexification de l’environnement, meilleure capacité d’apprentissage, stimulations tactiles). Ce type d’enrichissement est un moyen prometteur d’intégrer la notion de « positive welfare » en piscicultures en permettant aux poissons d’accéder à des expériences positives, tout en garantissant un entretien facile.