Impact d’un nouvel aliment pour circuit recirculé sur les performances zootechniques et phytotechniques d’un système aquaponique truite (O. mykiss) – salade (Lactuca sativa)

Dans le cadre du projet APIVA 2 piloté par l’ITAVI et en collaboration avec Le Gouessant Aquaculture, nous avons mesuré l’impact de la qualité de l’aliment distribué aux poissons sur le fonctionnement des systèmes aquaponiques. Dans ces systèmes, l’aliment doit répondre à de nombreux objectifs parfois contradictoires : 1) assurer une croissance optimale des poissons, 2) générer des fèces stables afin de limiter la production de matières en suspension qui peuvent dégrader la qualité d’eau et 3) apporter les éléments nutritifs (macro- et micronutriments) nécessaires à la croissance des plantes. L’impact de l’aliment a été mesuré sur les performances zootechniques des poissons mais aussi sur la croissance des végétaux cultivés. La circulation et la transformation des nutriments depuis l’aliment pour poissons jusque dans les plantes a été étudiée à l’aide de bilans de matières. Les éléments particulaires et dissous, les matières en suspension, les éléments minéraux (K, N, P, Ca, Mg, S) et les oligoéléments (Fe, Cu, Zn, Mg, Mo, Br) indispensables à la croissance des plantes ont été mesurés. Trois aliments différents ont été testés. Un aliment commercial spécial circuit recirculé (T), un aliment intermédiaire (A, formule de l’aliment T avec un adjuvant destiné à augmenter la cohésion des fèces utilisé dans l’aliment B) et un aliment (B) sans farine de poisson complémenté en levure et farine d’insectes. Les aliments étaient iso énergétiques (27%) et iso protéiques (39%). L’expérimentation a été menée dans les nouvelles infrastructures de recherches Ar Ster, de la PEIMA. Des truites arc-en-ciel d’un poids moyen initial de 198 g ont été élevées dans dix-huit bassins d’élevage de 1 m3 répartis en trois salles (six bassins/salle) pendant 12 semaines et nourries avec un des trois aliments (un aliment/salle). Les paramètres environnementaux étaient strictement identiques entre les salles (température de l’eau, apport d’oxygène, température de l’air dans les salles, taux de renouvellement de l’eau, taux de rationnement). Le système fonctionnait en bouclage total avec la serre hydroponique, chaque salle étant reliée à trois parcelles de 4 m² chacune, plantées de salades batavia. Un suivi zootechnique (croissance, indice de conversion (IC), survie), phytotechnique et des mesures des paramètres de qualité d’eau ont été réalisées dans l’ensemble des compartiments du système. Des analyses sur la composition en micro nutriments présent dans l’eau ainsi que dans les salades ont également été effectuées. Les analyses des paramètres zootechniques ne montrent aucune différence significative sur la croissance, la survie et l’IC des poissons entre les trois salles. Il n’y a également pas de variation sur les matières sèches des boues entre les trois aliments. Les analyses des minéraux dans l’eau (par rapport à T) sont significativement différentes en Phosphate (B > T), Cuivre (B > T), Manganèse (B> T), Zinc (B > T), Azote total (B > T), Nitrate (B > T), Nitrite (A > T), Ammonium (A > T). Il y a une différence significative sur la croissance des salades (B > T). Les analyses des teneurs en minéraux dans les plantes ont montré une différence significative (par rapport à T) en Phosphate (B > T), Manganèse (B > T), Magnésium (A > T et B > T), Sodium (B > T) et en Calcium (B > T). En conclusion, l’aliment (B) donne des résultats intéressants. Sa composition n’affecte d’aucune manière les performances zootechniques des poissons et permet une meilleure croissance des végétaux (+ 30%). Des mesures complémentaires devront être menées sur d’autres types de végétaux pour confirmer cet essai. Travaux financés grâce au FEAMP N° PFEA470017FA000022