Publié le 2 juil. 2024

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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024

L'essentiel

Dans le contexte de changement climatique actuel, les températures de surface de la mer Méditerranée ont déjà augmenté de 0.8 °C entre 1985 et 2006, et devraient augmenter de 3.4 °C jusqu'en 2080 pour l'Est de la Méditerranée. Les effets de ces changements sur la croissance des populations de bar peuvent avoir des conséquences importantes pour sa production halieutique et aquacole, avec des effets potentiellement différents selon l'origine génétique des populations : atlantique (AT), ouest-méditerranée (OM) et est-méditerranée (EM). Dès 20 jours post-éclosion, ces trois populations ont été élevées mélangées dans trois régimes thermiques mimant les températures du milieu naturel (rAT = régime atlantique, moy = 13.8 °C ;rOM = régime ouest-méditerranéen, moy = 16.6 °C ;rEM = régime est-méditerranéen, moy = 21.7 °C). A 10 g de poids moyen, 5148 poissons ont été individuellement marqués et génotypés sur la puce AxiomTM 57k SNP DlabChip. Cela nous a permis d'étudier le taux de croissance journalier des poissons pendant 18 mois, et d'évaluer l'héritabilité de la croissance afin de comprendre les bases génétiques de l'adaptation à la température des populations AT et EM (la population OM ayant trop peu d'individus pour produire des estimations fiables). L'estimation des corrélations génétiques entre régimes thermiques nous a permis d'étudier les interactions génotype environnement (GxE). Durant la 1ère année, après le marquage, la croissance de la population AT a été supérieure à celle des populations OM et EM dans tous les régimes thermiques, avec de plus grosses différences dans les régimes froids (rAT etrWM). A partir de la 2ème année, la croissance de la population AT reste supérieure à celles des populations OM et EM seulement dansrAT. La modélisation du taux de croissance en fonction de la température et de la taille des poissons montre que l'optimum thermique de la population AT se situe entre 24 et 26 °C alors qu'il est au delà de 27 °C pour les populations OM et EM. A 2 ans, la population AT possède le poids moyen le plus élevé dans les trois régimes thermiques, suivie des populations EM et OM. L'héritabilité du taux de croissance durant l'hiver pour les populations AT et EM est plus forte (0.55) que pendant l'été (0.33). Enfin, pendant l'été, des corrélations génétiques négatives ont été trouvées entre les régimes thermiques extrêmes (rAT etrEM) montrant une inversion des classements des génotypes entre croissance estivale en zone chaude et en zone froide. Cette étude montre que les bars ont une croissance plus rapide aux températures chaudes. La population AT grandit plus vite que les autres, durant la 1ère année, révélant une adaptation à une saison de croissance courte dans les eaux froides montrée par une meilleure croissance aux températures chaudes. De fortes intéractions GxE sont visibles entre les 2 régimes thermiquesrAT etrEM. D'autres analyses en cours viendront préciser et permettre d'expliquer ces observations. Cette étude s'est déroulée dans le cadre du projet ANR FishNess (ANR-21-CE20-0043). Mots Clés : Bar européen, Croissance, Température, Génétique des populations, Interaction génotype-environnement