Publié le 21 mars 2024
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Etude présentée aux 15èmes JRA-JRFG 2024
L'essentiel
Depuis 2016, la France est touchée par des épizooties causées par des virus influenza aviaires hautement pathogènes (VIAHP) de clade 2.3.4.4.b. Malgré des mesures de biosécurité renforcées, le déploiement de stratégie de détection précoce et de surveillance, l’impact des épizooties est insoutenable pour la filière avicole.
Afin de mieux comprendre la transmission des VIAHP, et de développer de nouvelles stratégies de détection précoce, nous avons étudié le rôle de l’environnement comme véhicule de transmission et matrice de détection. Pour cela, deux groupes de canards mulards ont été infectés avec un VIAHP de l’épizootie de 2016/2017, et un VIAHP de l’épizootie 2020/2021 respectivement. Des prélèvements oropharyngés, cloacaux, conjonctivaux et de plumes ont été réalisés afin d’étudier l’excrétion virale à l’échelle individuelle. En parallèle, des prélèvements de poussières, d’aérosols et d’eau ont été réalisés afin d’étudier la dissémination environnementale. Les prélèvements ont été analysés par RT-qPCR selon la méthode officielle, et des isolements de particules infectieuses ont été réalisés à partir des prélèvements environnementaux. Tout au long du protocole le statut clinique des animaux a été évalué.
Les résultats montrent que l’excrétion du virus à l’échelle de l’individu correspondent à la dispersion environnementale. Le virus est excrété dès J1 post-infection, attend une charge maximale à 4 ou 5 J post-infection puis la charge décline avant de se stabiliser entre 10 et 14J. De manière très intéressante, la phase pré-symptomatique des canards infectés avec le VIAHP 2020/2021 a été plus longue (jusqu’à 2jours) que pour les canards infectés par le virus de 2016/2017. Cependant, l’excrétion virale du VIAHP 2020/2021 n’est pas décalée dans le temps.
Nos données suggèrent que le virus H5N8 de 2020/2021 est moins virulent que celui de 2016/2017 et que la diffusion du virus dans l’environnement est précoce, très forte et durable. Cette excrétion sur une période pré-symptomatique longue rappelle le besoin d’une surveillance active des élevages. Les prélèvements environnementaux testés dans cette étude ont permis une détection précoce des virus. Cette étude confirme l’intérêt potentiel des prélèvements environnementaux dans la détection et surveillance des VIAHP, en complément des méthodes officielle. Le caractère simple, rapide, peu cher des prélèvements de poussières et d’eau en font des outils pertinents dans la surveillance des VIAHP.