Publié le 5 juil. 2022
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Etude présentée aux 7èmes Jrfp
L'essentiel
La sélection génétique est considérée comme un levier majeur d’amélioration de la productivité et de la durabilité de la production aquacole, mais il y a à ce jour peu d’évaluations expérimentales objectives de son impact sur le moyen terme, sur les caractères directement sélectionnés ou sur d’autres qui leurs sont liés. C’est une démarche de long terme, et du fait de l’évolution rapide de la composition des aliments, il est légitime de s’interroger aussi sur les capacités des animaux sélectionnés à s’adapter à des aliments contenant de moins en moins de farine et d’huile de poisson. Nous avons comparé une lignée de truite arc-en-ciel sélectionnée depuis 10 générations (G10) par Aqualande pour la production de grande truite (augmentation de la croissance, du rendement de carcasse et du taux de lipides du filet) à une lignée non sélectionnée (G0) issue de la même population de base. La comparaison a été faite par la voie mâle, en croisant des néomâles G10 et des néomâles G0 sur les mêmes femelles G10, créant ainsi un lot Sélectionné et un lot Témoin dont la divergence attendue est de la moitié de l’écart entre les lignées pures G0 et G10. Les lots ont été comparés de l’alevinage à l’abattage à 1,6 kg, avec sur la dernière période de croissance (250-374 jours) une comparaison croisée de deux aliments. Le premier était un aliment commercial standard, quand le second était un aliment ‘futur’ totalement dépourvu de soja et de farine et huile de poisson, où l’apport en oméga-3 polyinsaturés à chaîne longue était assuré par de la biomasse de microalgues. Après avoir doublé la différence entre le lot sélectionné et le lot témoin pour estimer les performances des lignées « pures », nous avons pu montrer une amélioration de la lignée G10 par rapport à la G0 de 61% pour le poids à l’abattage, de 17 à 20% pour le taux de conversion de l’aliment, de 28 à 53% pour le taux de lipides du filet et de 4,2% pour le rendement de carcasse. PEn revanche, la sélection n’a eu aucun impact sur la survie. Les deux aliments ont donné des performances de croissance similaires, avec un taux de conversion alimentaire dégradé avec l’aliment futur, probablement du fait de difficultés à estimer l’ingéré avec cet aliment. Les poissons avaient un taux d’oméga-3 à chaîne longue (EPA, DHA) assez élevé (>1,2g/100g de poids frais) avec les deux aliments, probablement lié à une synthèse endogène à partir de l’acide alpha-linolénique, au moins dans le cas de l’aliment futur. Des interactions génotype-aliment très limitées ont été observées. Ceci montre qu’il est possible d’obtenir par sélection génétique des truites à croissance rapide convertissant mieux l’aliment améliorant de fait significativement la durabilité de la production de truite. Ces truites ont de bonnes performances sur un aliment standard comme sur un aliment futur, montrant que l’on peut obtenir des poissons ayant à la fois de bonnes performances d’élevage et de bonnes caractéristiques nutritionnelles sans forcément utiliser de matières premières à base de poisson ou de soja.