Publié le 21 mars 2024

Téléchargements

Télécharger l'article
Etude présentée aux 15èmes JRA-JRFG 2024

L'essentiel

L'acide laurique est un agent antimicrobien avec une puissante activité in vitro contre les bactéries gram-positives (G+) mais plus légère contre les bactéries gram-négatives (G-). Les glycérides d'acide laurique (C12G) sont donc utilisés comme additifs alimentaires pour prévenir les infections intestinales, améliorant ainsi la résilience des animaux face aux pathogènes et leurs performances. Ici, nous avons cherché à évaluer l'activité antimicrobienne ex vivo du C12G en utilisant les fluides gastro-intestinaux d'animaux recevant une alimentation supplémentée en C12G. Au total, 100 poussins sont divisés en deux groupes, tous deux recevant le même régime standard supplémenté ou non en C12G (3kg/ton) jusqu’à 28 jours d’âge. Les liquides gastro-intestinaux ont été extraits du gésier, de l'iléon et des caeca. Leur capacité antimicrobienne a été évaluée par l’analyse de Concentration Minimale Inhibitrice (CMI) sur Enterococcus faecalis et Escherichia coli. L’analyse a montré que les liquides gastro-intestinaux des animaux recevant le C12G ont une activité antimicrobienne tout au long du tractus gastro-intestinal contre E. faecalis. Cette activité a augmenté 9,4 ; 5,5 ; 7,6 fois dans gésier, ilium et caeca (p = 0,0029 ; <0,0001 ; 0,0353 ; respectivement) ce qui garantit la protection des animaux contre les pathogènes. Seuls les fluides cæcaux contenant C12G ont présenté une activité antimicrobienne contre E. coli. Étant donné que les C12G sont moins actifs contre les bactéries G-, nous supposons que cette activité antimicrobienne s'explique par un changement du microbiote cæcal, causé par les C12G, qui tend vers un profil microbien de producteurs de métabolites inhibiteurs de bactéries G-. Pour valider cette hypothèse, le microbiote cæcal est en train d’être analysé par le séquençage du 16SrRNA. Pour conclure, en utilisant les fluides digestifs pour évaluer ex vivo l’activité antimicrobienne, notre étude suggère que les C12G ont un double mode d'action pour inhiber les bactéries pathogènes. Ils agissent directement contre les bactéries G+ tout au long du tractus gastro-intestinal. Et ils peuvent indirectement inhiber les bactéries G- dans la cæca, en induisant un changement du microbiote vers la production de métabolites antimicrobiens. D'autres études sont nécessaires pour identifier les molécules produites par le microbiote, expliquant cet effet antimicrobien sur les G-.