Publié le 5 juil. 2022

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Étude présentée aux 7èmes Jrfp

L'essentiel

En transformant les rejets piscicoles en ressources, les systèmes AIMT (aquaculture intégrée multi-trophique) pourraient être une voie de développement de la filière piscicole vers des systèmes plus durables, aux productions diversifiées. En partenariat avec des piscicultures marines françaises, des systèmes AIMT ont été mis en œuvre et étudiés.

- Co-culture poissons-algues : L’alimentation de lagunes d’algoculture par des effluents issus d’une écloserie de bars, Dicentrarchus labrax, et daurades royales, Sparus aurata, a montré une modification de la composition nutritionnelle d’Ulva rigida (algue verte). Il a été mis en évidence un enrichissement en protéines et divers éléments minéraux. Des essais de culture d’algue rouge locale, Porphyra sp., ont permis d’aboutir à une production de jeunes stades de vie en laboratoire. 

- Co-culture poissons-plantes: L’alimentation de marais artificiels végétalisés par des effluents issus d’élevage de saumons, Salmo salar, a permis la croissance de plantes halophiles, comme la salicorne, Salicornia obscura, et l’aster maritime, Tripolium pannonicum. Leur composition et qualité gustative ont été évaluées. La dénitrification (partielle et complète) semble être le processus prédominant dans l’épuration de l’azote inorganique dissous (majoritairement composé de nitrate). Un temps de résidence de l’effluent de 3 jours dans les marais a permis une meilleure épuration de l’azote inorganique dissous et du phosphore inorganique dissous par rapport à un temps de résidence de 1 jour. 

- Co-culture poissons-holothuries : Des spécimens d'Holothuria tubulosa ont été placés selon un gradient d'influence d'un élevage en cages en mer de D. labrax et de S. aurata.  Ce gradient a été validé par modélisation de la déposition des effluents et analyse isotopique du sédiment. Après 1 mois, les holothuries ont montré des difficultés à grandir mais des compositions en protéines, lipides et en isotope stable différentes suivant le gradient. En parallèle, des essais en milieu contrôlé ont permis de démontrer qu'H. tubulosa est capable de consommer la matière organique issue de rejets piscicoles, indiquant une capacité de bioremédiation de l'espèce. Des données métaboliques ont été récoltées à différentes températures afin de mettre en place un modèle bioénergétique capable d'estimer les capacités de bioremédiation de l'espèce dans un environnement dynamique et variable.

Cette étude montre que la valorisation des effluents piscicoles marins est possible au travers de systèmes AIMT. Des études complémentaires ainsi qu’une analyse technico-économique sont nécessaires afin d’envisager leur application à une échelle de production plus importante.

Remerciements aux structures techniques et sites piscicoles :
CAPENA (Centre pour l'Aquaculture, la Pêche et l'Environnement), Ferme marine de la Baie des Veys, Gloria Maris groupe, Fermes marines du soleil.

Références :
·        Sadoul, B., Caprioli, J.-P., Barrier-Loiseau, C., Cimiterra, N., Laugier, T., Lagarde, F., Chary, K., Callier, M.D., Guillermard, M.-O., Roque d’Orbcastel, E., 2022. Is Holothuria tubulosa the golden goose of ecological aquaculture in the Mediterranean Sea? Aquaculture 554, 738149. 
·        Webinaire : AIMT, l'aquaculture multitrophique intégrée en France. Et si on valorisait les rejets de l’aquaculture ? (focus projets en milieu salin). Site internet : www.itavi.asso.fr