Publié le 2 juil. 2024

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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024

L'essentiel

Bien que longtemps laissés de côté, les poissons suscitent désormais un intérêt concernant leur conditions d’élevage, et ce, grâce aux avancées scientifiques de ces dernières années sur leurs capacités cognitives et leur bien-être. Ces dernières études proposent l’enrichissement du milieu de vie comme une des solutions pour améliorer les conditions d’élevage des poissons. Parmi elle, Brunet et al. (2022) ont souligné l’effet positif des enrichissements (cailloux, plantes et caches) sur les comportements et les performances zootechniques des truites. Pour autant, il apparait nécessaire d’expérimenter la faisabilité et l’intérêt de la mise en place d’enrichissement sur une exploitation piscicole mais également d’enquêter sur la perception des pisciculteurs concernant cette mise en place d’enrichissements. Puisque les truites sont des poissons recherchant l’ombre en milieu naturel et au vu du contexte climatique, l’apport de zone d’ombrage semble être un enrichissement intéressant à tester. Des truites arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss) de poids moyen 2590g sont réparties dans 2 raceways (5m*40m) avec une densité égale à 60kg/m3. Ces bassins sont équipés de filet d’ombrage (70%) à raison d’une zone d’ombre pour le bassin 19 et 2 zones pour le bassin 20. Des observations d’indicateurs comportementaux (matin et après-midi) et sanitaires (matin) ont été réalisées en suivant le protocole de la méthode EBENE® poisson au cours du mois d’Août 2023. Les résultats de cette première étude exploratoire ont montré que le bassin 19 (2 fois moins d’ombre) avait une prévalence plus élevée concernant l’érosion de la nageoire caudale de sévérité forte (p = 2.557e-06), l’érosion des pectorales de sévérité forte (p = 0.036), l’érosion du nez/bouche de sévérité forte (p = 6.808e-07) et l’érosion d’écailles (p = 3.569 e-04) que dans le bassin 20. Les mouvements de groupe étaient également plus fréquemment observés (p=0.022) dans le bassin 19. Cependant, la prévalence était moins faible dans le bassin 19 pour l’érosion de la nageoire dorsale de sévérité moyenne (p = 0.034) et pour l’érosion des opercules de sévérité faible (p = 1.045e-04). Globalement, ces résultats semblent corroborés avec le ressenti des pisciculteurs interrogés qui soulignent un « meilleur état sanitaire » des truites ayant accès à une zone d’ombre. Il en va de même pour le « confort de travail pour le pisciculteur », « les performances zootechniques », « la diminution de l’entretien », le « stress des poissons face aux prédateurs et à l’approche de l’humain », qui se voient, entre autres, améliorés en présence d’ombrière. Pour autant, il semble nécessaire d’accompagner les pisciculteurs car certains se sentent « perdus sur la mise en place des zones d’ombre » et le « prix des installations » peut également être un frein. Globalement, les ombrières semblent avoir un impact positif sur les indicateurs sanitaires des truites, sur au moins un indicateur comportemental mais également sur le bien-être du pisciculteur. Les ombrières semblent donc être une potentielle porte d’entrée aux enrichissements et méritent d’être davantage étudiées. Travaux menés dans le cadre du programme CAS DAR « Aqua Bien-Etre » Remerciements aux pisciculteurs volontaires ayant participé à ces travaux