Effet des modes de distribution et de présentation du maïs sur l’induction d’une hyperphagie et d'une stéatose hépatique spontanée chez le canard mulard

Nos travaux antérieurs ont montré que les oies grises nourries au maïs sont capables de développer une hyperphagie prolongée associée à une stéatose spontanée. La présente étude avait pour objectif d’induire un comportement analogue chez le canard mulard. 480 canards mulards mâles nourris avec un aliment croissance ont été soumis à une réduction progressive du temps d’accès à la mangeoire de 49 à 86j d’âge (24h à 15 min/j) associée à une réduction progressive de la durée d’éclairement de 75 à 86j d’âge (10 à 7h/j). A partir de 87j, les animaux ont été nourris avec du maïs selon un schéma factoriel 2x2 avec 2 modes d’alimentation (à volonté « AL » vs progressif « P ») et 2 présentations du maïs (grain vs concassé). Dans les groupes P la disponibilité du maïs a été augmentée de 30 g/j avec une distribution initiale de 170 g/j. Dans les groupes AL la mangeoire était accessible 24h/24 puis modulée à 90 j (2h d’accès le matin) et à 97 j (1h d’accès le matin et 1h l’après-midi) afin de stimuler l’ingestion. 40 animaux ont été abattus avant l’accès au maïs à 87 j, puis 25 animaux par lot ont été abattus à 94, 101 et 115 j afin d’évaluer l’engraissement. L’ingestion et les performances à l’abattage n’ont pas été modulées par la présentation du maïs. Les canards AL ont exprimé une brève hyperphagie (570±50 g/j) à 87 j, suivie d’une diminution en dessous de 300 g/j. Les modulations du temps d’accès à la mangeoire ont induit une brève reprise de la consommation à 93 et 97 j (369±13 g et 406±35 g respectivement). L’ingestion des canards P a augmenté jusqu’à 97 j (406±7 g) puis a diminué de façon analogue aux canards AL. Après 101 j, l’ingestion a atteint un niveau basal (148±38 g/d) quel que soit le mode d’alimentation. Indépendamment des lots, le poids de foie n’a augmenté que légèrement à 94 et 101 j par rapport à 87 j (84, 83 et 58 g respectivement, P<0,05). Cette étude met en évidence l’adaptation rapide du canard mulard à de nouvelles stratégies alimentaires et les difficultés à induire une stéatose spontanée chez ces animaux.