Publié le 5 juil. 2022

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Etude présentée aux 7èmes Jrfp

L'essentiel

La salinité de l’eau est un facteur environnemental qui peut avoir des effets négatifs sur la reproduction des salmonidés, principalement quand les femelles sont élevées en mer pendant toute leur période de gamétogenèse. Toutefois, les études en eau douce sont rares et l’impact d’une concentration faible en sodium, potassium et chlorure dans l’eau d’élevage durant la période de reproduction n’a pas été étudié. Pour cette raison, et parce que les flux d’ions et d’eau sont d’une importance cruciale pour les étapes finales de la gamétogenèse (notamment pour les processus d’hydratation et de maturation ovocytaire), le but de ce travail a été d’étudier l’impact de faibles salinités sur ces processus et sur la qualité des œufs de truite arc-en-ciel. Des poissons issus de la même lignée génétique ont été élevés à la fois sur un site caractérisé par des concentrations faibles en Na+, K+ et Cl- dans son eau d’élevage, et sur un site proche géographiquement mais dont les concentrations en ces éléments sont plus élevées dans l’eau d’élevage. La qualité des œufs et la durée de la maturation ovocytaire finale ont été suivies en utilisant des outils de phénotypage innovants tels que le système VisEgg et une méthode non-invasive basée sur l’échographie. L’hydratation des ovocytes a été évaluée durant la maturation ovocytaire finale et après l’ovulation. Un phénotypage moléculaire a été réalisé par microarrays. Les résultats ont ensuite été validés par RT-qPCR pour certains gènes clés liés à la maturation ovocytaire finale et à l’ovulation. Nous avons ainsi démontré que la faible concentration en Na+, K+ et Cl- influence négativement la maturation ovocytaire finale, l’ovulation et la qualité des œufs produits. Cette situation déclenche un retard d’ovulation, une altération de l’hydratation des ovocytes et une plus faible viabilité de ces derniers. L’analyse transcriptomique révèle une perturbation de l’activation du programme génétique spécifique de la maturation ovocytaire finale et de l’ovulation. En comparant à la situation contrôle, cette étude souligne un nombre remarquablement faible de gènes surexprimés au moment de l’entrée en maturation, et la non-activation notable de certains gènes clés impliqués dans les processus de maturation-hydratation-ovulation. Alors que l’observation d’une sous-expression de certains transporteurs membranaires d’eau et d’ions inorganiques est cohérente avec l’altération observée de l’hydratation ovocytaire, nos observations suggèrent aussi la non-activation des acteurs clés de l’induction de l’ovulation (récepteur nucléaire à la progestine). Nos résultats interrogent sur les mécanismes qui influencent négativement à la fois la dynamique des phases pré-ovulatoire, l’homéostasie des ovocytes et le succès global des processus de maturation-hydratation-ovulation.