EBENE® truite : un outil en cours de développement pour accompagner les pisciculteurs sur l’évaluation du bien-être de leurs animaux

Bien que longtemps laissés de côté, les poissons suscitent désormais un intérêt concernant leur conditions d’élevage, et ce, grâce aux avancées scientifiques de ces dernières années sur leurs capacités cognitives et leur bien-être. Il convient donc de proposer un outil aux pisciculteurs pour apprécier le bien-être de leurs animaux et engager une démarche de suivi et d'amélioration continue. La première version d’EBENE® destinée à l’élevage de truites a été co-construite par un consortium regroupant des scientifiques et des pisciculteurs afin d’aboutir à une grille de quatre principes et de 11 critères. Un ensemble d’indicateurs, comportementaux (n=14) et sanitaires (n=13), mesurables en observant directement les poissons dans les bassins d’élevage, a également été sélectionné depuis la littérature. Des notations y ont été associées pour permettre de quantifier un état de bien-être chez la truite. Il a été question dans ce travail exploratoire de tester la redondance et la répétabilité inter-observateur à l'échelle des indicateurs mais également des scores finaux. Des truites arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss) de 2590g de poids moyen évoluant dans deux raceways (40m*5m), ont été observées 30 fois en simultané par deux observateurs expérimentés (soit 60 observations au total). La redondance a été calculée avec des tests de corrélations pour les indicateurs pris deux à deux. La répétabilité inter-observateur a été évaluée grâce aux corrélations de Spearman pour les données quantitatives et grâce au Kappa de Cohen pour les données qualitatives. Les résultats préliminaires ont montré que quatre indicateurs n’ont pas été observés (« Mousse », « Comportement agressif », « Saut » et « Stéréotypie temporaire »), ce qui pose la question de la conservation de ces indicateurs. Malgré leur diversité, il n'y avait aucune redondance entre les indicateurs sauf pour la corrélation « érosion nez-bouche » (sévérité faible) et « érosion de la dorsale » (sévérité faible). Concernant la répétabilité inter-observateur, 12 indicateurs sur 27 étaient répétables (corr ou K ≥ 0,4 et p-value < 0,05). Les sévérités d’érosion apparaissent difficilement répétables d’un observateur à un autre car probablement trop précises ou nécessitant une expertise fine. Pour autant, lorsque les scores sont comparés à l'échelle des critères (scoring avec agrégation des indicateurs en amont), huit sur 11 critères sont répétables. Le scoring permettrait ainsi de minimiser un écart d'observation. Pour conclure, certains indicateurs sont peu observables dans cet essai (« Stéréotypie temporaire », « Petit ») mais semblent nécessaires à conserver car ils peuvent constituer des alertes faciles à identifier et mesurer. La répétabilité intra-observateur devra également être testée prochainement pour compléter l’analyse de la robustesse des indicateurs. En parallèle, cette grille pourra être complétée par des indicateurs liés à l’environnement et aux pratiques d’élevages. Enfin, cette première étude à l'échelle expérimentale mérite d'être approfondie afin de consolider l'outil en cours de développement. Travaux menés dans le cadre du programme CAS DAR « Aqua Bien-Etre » et FEAMP « B ABA » Remerciements aux pisciculteurs volontaires ayant participé à ces travaux.