Publié le 5 juil. 2022
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Etude présentée aux 7èmes Jrfp
L'essentiel
La SARL Gascogne Aquaculture en partenariat avec INRAE/ONIRIS a expérimenté de 2017 à 2021 dans le Gers un modèle de production semi-extensif de crevette tropicales d’eau douce Macrobrachium rosenbergii, une espèce exotique actuellement non autorisée (sauf Outre-Mer) en installations aquacoles ouvertes par la réglementation française et européenne (Règlement CE 708/2007). Ces travaux ont permis d’établir pour la première fois les référentiels techniques de production de M. rosenbergii en Europe (Laval, 2022). Les post-larves de 45 à 60 jours, issues de l’écloserie de Gascogne Aquaculture, sont introduites dans des bassins de grossissement extérieurs en terre, conçus en circuit fermé (sans connexion avec les eaux naturelles). Les crevettes sont élevées pendant la période estivale chaude de fin mai à début octobre. La densité optimale de 3,5 PLs/m² permet d’obtenir un rendement de 500 à 650 kg à l’hectare avec une alimentation végétale uniquement. Cette nouvelle perspective de production en France est particulièrement attrayante dans le contexte actuel du réchauffement climatique et de la recherche de souveraineté alimentaire et de réduction des intrants en élevage (énergies fossiles et farines de poisson en particulier). Les dangers sanitaires éventuels associés à M. rosenbergii obligent à prendre les mesures nécessaires pour prévenir le risque d’introduction de nouveaux pathogènes par son élevage. Des recherches bibliographiques ont été menées et incluent la consultation d'analyses de risques menées en 2006 par les autorités néozélandaises (introduction de M. rosenbergii depuis Hawaii) et en 2021 par les autorités norvégiennes (risques pour la biodiversité induit par l'introduction et le maintien de crustacés d'eau douce pour l'aquariophilie). Les documents étudiés montrent que les dangers zoosanitaires à retenir en regard de la situation faunistique et épidémiologique sur le territoire métropolitain français sont : • la maladie des points blancs (due au « white spot syndrome virus », WSSV, réglementée au plan international) dont le continent européen n'est pas indemne fficiellement ; • le nodavirus de la White Tail Disease (listée par l'OIE) qui ne touche pas les espèces de crustacés décapodes indigènes d'eau douce (écrevisses autochtones) mais qui peut provoquer des mortalités épizootiques extrêmement lourdes parmi les stades larvaires et post-larvaires de M. rosenbergii. Les risques d'introduction de ces deux organismes pathogènes dans une zone d'élevage dépendent étroitement du statut initial du cheptel source de larves et post larves, en l'occurrence, celui de l'élevage de Gascogne Aquaculture qui entretient ses propres géniteurs depuis 5 ans. Ces risques sont jugés intrinsèquement très faibles mais de surcroît, les résultats favorables du suivi zoosanitaire du cheptel de crevettes d'eau douce de Gascogne Aquaculture depuis 2017 confortent cette évaluation.