Contribution des transcriptomes du foie, tissu adipeux et muscle aux mécanismes d’adaptation des poulets de chair face à une variation de la source d’énergie dans l’aliment

Les tensions actuelles sur le marché des céréales conduisent à intégrer des matières premières moins conventionnelles dans les aliments des poulets de chair. Substituer l’amidon des céréales par des fibres complétées par des lipides pour avoir un régime isoénergétique est une alternative économiquement intéressante mais qui doit être évaluée. Afin de mesurer la capacité d’adaptation du poulet de chair à ces variations de sources énergétiques, 48 poulets mâles de lignées maigre ou grasse ont été nourris pendant 6 semaines avant abattage avec deux régimes isoénergétiques et isoprotéiques, mais différant par leur teneur en lipides (8% versus 2%) et en amidon (38% versus 51%) et notés respectivement HL et LL. Parce qu’il a été montré que la source en énergie du régime n’a eu aucun effet sur les performances de croissance et la composition corporelle à 63 jours d’âge, cette étude a pour objectif d’identifier les mécanismes génétiques impliqués dans cette adaptation. Pour cela, nous avons analysé sur ces mêmes poulets, les transcriptomes de trois tissus clés impliqués dans le métabolisme énergétique (foie, gras abdominal et muscle) en utilisant une puce personnalisée permettant de mesurer l’expression de l’ensemble des gènes référencés chez la poule. Comme attendu, environ 70% des gènes référencés sont exprimés dans chacun des trois tissus. En revanche, seul le foie présente des gènes différentiellement exprimés entre régimes. Au total, 388 et 199 gènes sont sous- et sur-exprimés respectivement avec le régime HL comparé au régime LL correspondant à un régime standard. Une analyse fonctionnelle de ces gènes montre dans le régime HL une inhibition de l’expression de nombreux gènes associés à la synthèse et au transport des acides gras (AG) et à la synthèse du glycogène. On retrouve également réprimés les expressions des régulateurs classiques de ces métabolismes que sont SREBP1 et PPARgamma. A l’inverse, sont surexprimés avec le régime HL des gènes impliqués dans le système de conversion des AG en acyl-carnitine, indispensable à leur entrée dans la mitochondrie pour y être -oxydé. Sont également surexprimés dans le régime HL des gènes impliqués dans la réponse immunitaire, régulation qui pourrait être en partie due à la faible expression des PPARs avec ce régime. De façon plus surprenante, nous observons des variations d’expression pour des gènes impliqués dans le métabolisme du fer et de l’oxygène. Ces résultats montrent le rôle central du foie dans l’adaptation des poulets face aux variations de sources énergétiques alimentaires