Contribution de l’épithélium des plumes à la dissémination et à l’écologie des virus influenza aviaires hautement pathogènes chez le canard

Les plumes sont des annexes abondantes de la peau des oiseaux, aujourd’hui reconnues pour leur susceptibilité à l’infection par les virus influenza aviaires hautement pathogènes (VIAHP). Cependant, leur rôle dans l‘excrétion virale n’est pas clair. Cette étude vise à examiner la contribution de l'épithélium plumeux à la dissémination des VIAHP du lignage H5 goose/Guangdong/1996 clade 2.3.4.4b dans l'environnement, en se basant sur des infections naturelles de canards mulards (6 lots), de canards de barbarie (2 lots) collectés entre 2016 et 2022, ainsi que sur des canards mulards infectés expérimentalement par les VIAHP H5N8 2017 (n=22) et H5N8 2020 (n=22). Les méthodes employées comprennent une analyse histopathologique de la peau et des plumes pour caractériser les lésions ; une analyse immunohistochimique anti-nucléoprotéine pour déterminer la biodistribution virale dans ces compartiments ; ainsi que la quantification des ARN viraux par rRT-qPCR pour évaluer la dynamique d’infection. En parallèle, un titrage viral a été effectué après dissection de plumes de canards infectés naturellement (n=10) pour déterminer leur infectiosité, et une histologie et immunofluorescence ont été réalisées sur les aérosols d’élevages positifs dans le but de rechercher la présence d’antigènes viral et plumeux. Les VIAHP de sous-type H5 issus des épizooties de 2016 à 2022, présentent un tropisme persistant, fréquent et marqué pour l’épithélium des plumes chez les canards domestiques infectés. Ce tropisme est moins marqué dans la pulpe, les plumes matures et la peau. Sur le plan pathologique, l'infection des plumes conduit à la nécrose et au clivage de l’épithélium plumeux, et à la production et la libération de matériel infectieux. L’analyse d’aérosols prélevés en élevages confirmés VIAHP H5 positifs révèle une colocalisation des antigènes viral et tégumentaire plumeux. En résumé, l'épithélium des plumes contribue à la réplication virale et constitue une source probable de matériel infectieux dans l'environnement. Cette voie originale d'excrétion pourrait avoir un impact considérable sur l'écologie des HPAIV, en facilitant les infections aéroportées, les infections liées au lissage au sein d'un groupe d'oiseaux, et en favorisant une infectiosité virale prolongée et une transmission virale à longue distance entre les exploitations avicoles.