Consommateurs de foie gras et production de foie gras : représentations, niveaux de connaissance et ressentis vis-à-vis de l’élevage et de l’engraissement des canards

Comme toutes les filières animales, la filière foie gras est soumise à des pressions autour de la question du bien-être animal dans les élevages et à un niveau croissant d’exigences émanant des législateurs et/ou distributeurs. Le regard des consommateurs et leurs connaissances vis-à-vis de cette production restent toutefois méconnus. 3 focus groups constitués de 8 consommateurs de foie gras, de profils diversifiés et recrutés par un cabinet spécialisé, ont été réalisés en 2023 dans 3 contextes géographiques différents (Paris, Rennes, Mont de Marsan). Leur objectif était de recueillir des informations objectives sur : 1. Leurs représentations de la production, via la présentation au groupe d’une image symbolique et de 2 photos associées à la production de foie gras choisies parmi un panel pour chaque participant, 2. Le niveau de connaissance, via la reconstitution collective des étapes clés de la vie d’un canard à foie gras et 3. Les ressentis, via le recueil des réactions individuelles et collectives après apport d’informations sur l’élevage et l’engraissement des canards. Chaque groupe a été animé par un binôme composé d’un facilitateur et d’un expert, assurant également le rôle de script. L’analyse des données qualitatives recueillies a permis d’établir les constats suivants : 1. Trois types d’images mentales sont associées à l’élevage de canards : (i) positives en lien notamment avec la nature et la tradition, (ii) neutres en lien avec l’élevage et l’agriculture et (iii) négatives en lien notamment avec la mort, la souffrance et l’utilitarisme. Conformément aux résultats de précédentes études, les photos prises en extérieur apparaissent attrayantes, avec toutefois quelques ambivalences relevées, tandis que celles présentant des animaux en bâtiment apparaissent systématiquement aversives, quel que soit le type de logement. 2. Les 3 groupes partagent une réelle méconnaissance des étapes nécessaires à la production de foie gras, mais ont tous une vision dichotomique de l’élevage (modèle « artisanal » plébiscité vs. « industriel » décrié). 3. L’apport de connaissances et d’images rassure, notamment celles en lien avec la durée d’engraissement, largement surestimée. Certains restent toutefois circonspects, voir méfiants sur leur véracité et la phase d’engraissement reste problématique. Les échanges ont en outre permis de recueillir des suggestions d’amélioration des messages destinés au grand public ainsi que des pratiques et modes d’hébergement des canards.