Publié le 21 mars 2024
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Etude présentée aux 15èmes JRA-JRFG 2024
L'essentiel
Pour la première fois en Bretagne, une atteinte majeure de la filière avicole en lien avec l’IAHP a eu lieu avec, en février 2023, un cluster géographique de 20 foyers et près de 1,3 millions de volailles mises à mort, au cœur d’une zone de très forte production avicole (principalement dans la filière œuf de consommation) et de faible densité en élevages de palmipèdes.
Les résultats des investigations épidémiologiques couplées aux analyses phylogénétiques ont montré que ce cluster est lié à au moins une introduction primaire dans un élevage de poules pondeuses (Gallus gallus) depuis l’avifaune sauvage, suivie d’une diffusion vers d’autres élevages à proximité (<1,3km) et de détections à moyenne distance (3 à 11km). Les diffusions à courtes distances d’un foyer étaient probablement en lien avec la très forte densité d’élevages impliquant à la fois la voie aéroportée et la grande circulation de véhicules et de personnes liés aux filières avicoles (filière œuf) avec des ruptures dans la biosécurité. Les hypothèses retenues pour les voies de contamination des foyers détectés à moyenne distance des autres foyers témoignent de la diversité des processus potentiellement à l’œuvre. Le rôle des activités de dépeuplement dans les diffusions a été étudié et il a été montré que leur rôle était très probablement limité. De la même façon, la taille des élevages de pondeuses a probablement joué un rôle significatif dans l’introduction de la maladie. Ces investigations ont de plus mis en lumière le point critique pour l’approche sanitaire dans la filière œuf que sont les tournées de collecte d’œufs (difficulté pour disposer rapidement de données exploitables, non prise en compte des impératifs sanitaires dans les tournées, sous-traitance du transport à de multiples entreprises non spécialisées en aviculture et faiblement sensibilisées aux questions sanitaires et de biosécurité).
Jusqu’en février 2023, la Bretagne n’avait été concernée que par des foyers d’IAHP sporadiques. Cet épisode démontre que le risque d’emballement épizootique existe en Bretagne lorsqu’un foyer se déclare dans une zone à forte densité y compris dans des zones à faible densité de palmipèdes. Cela illustre la nécessité d’une vigilance, d’une adaptation des mesures de lutte à ce contexte et d’une préparation de tous même pour les filières jusqu’ici moins affectées.