Publié le 2 juil. 2024

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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024

L'essentiel

Aujourd’hui, 80% des bars commercialisés proviennent de programmes de sélection génétique conduits dans les écloseries européennes. La croissance est le principal caractère sélectionné pour atteindre plus vite le poids commercial. Cependant, ces poissons ne sont pas nécessairement les plus efficaces économiquement et environnementalement, la croissance étant souvent associée à une quantité de nourriture ingérée plus élevée. La sélection génétique de poissons ayant une bonne efficacité alimentaire permettrait de produire en utilisant moins de ressources alimentaires et de réduire les impacts des élevages. Cependant, l’élevage en groupe des poissons rend très compliqué l’évaluation de l’ingéré individuel. Des méthodes ont été développées pour permettre de mesurer l’ingéré individuel chez le poisson mais elles restent chronophages pour les expérimentateurs, stressantes pour les poissons et ne permettent d’évaluer l’efficacité alimentaire que d’un nombre limité de poissons. L’objectif de cette étude était de déterminer si les signatures isotopiques (δ13C et δ 15N) de différents tissus chez le bar étaient corrélées à leur efficacité alimentaire à l’échelle individuelle. L’analyse des isotopes stables naturels du carbone et de l’azote est une méthode peu couteuse et rapide qui permet d’étudier les transferts trophiques. Durant six semaines, 178 individus ont été élevés dans des aquariums individuels. La quantité de nourriture ingérée par chaque poisson a été enregistrée tous les jours en distribuant une ration définie et en comptant le nombre de granulés non consommés dans chaque aquarium 2h après l’alimentation. Toutes les deux semaines, les bars ont été pesés. L’efficacité alimentaire de chaque individu a ainsi été calculée (quantité de nourriture ingéré / gain de biomasse). En parallèle des mesures de poids, quelques écailles et un fragment de nageoire caudale ont été prélevés sur chaque poisson. Après ces six semaines, les poissons ont été mis en bassin collectif et élevés durant 9 semaines supplémentaires. A la fin de cette période de grossissement, les poissons ont été abattus pour prélever en plus des écailles et de la nageoire, un fragment de muscle et du sang. Les signatures isotopiques individuelles des quatre tissus ont ensuite été mesurée par EA-IRMS. Nos résultats montrent une très forte corrélation entre l’efficacité alimentaire individuelle et le gain de poids des poissons (R = -0.95, p< 0.001). Les signatures isotopiques des tissus de poissons sont en cours d’analyse. Des premiers résultats montrent une corrélation entre les valeurs de δ15N du muscle et leur efficacité alimentaire individuelle (R = -0.2,p< 0.05). Les isotopes stables du carbone et de l’azote semblent être une méthode prometteuse pour évaluer rapidement et facilement l’efficacité alimentaire d’un grand nombre de poissons. Cependant, les premiers résultats de cette étude restent à confirmer. Cette méthode permettrait de sélectionner les poissons à la meilleure efficacité alimentaire en bassin d’élevage classique en groupe et donc de simplifier très significativement la sélection pour l’efficacité alimentaire.