Publié le 2 juil. 2024
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Etude présentée aux 8èmes JRFP 2024
L'essentiel
Nous avons précédemment démontré la possibilité d’améliorer l’efficacité alimentaire du bar avec un phénotypage de l’ingéré et de la croissance en aquarium individuel (h² = 0,47). Il est généralement admis que les animaux plus maigres sont plus efficaces. Étonnamment, cette première étude avait révélé que les bars avec une teneur en lipides plus élevée présentaient une efficacité accrue, sans que cette relation n'ai pu être étudiée plus en détail. Par conséquent, l'objectif de la présente étude était d'approfondir la relation entre l'efficacité individuelle et la distribution et la composition des lipides chez le bar. Tout d'abord, 458 bars provenant de la lignée sélectionnée par EMG-Ichtus ont été phénotypés dans des aquariums pour estimer leur efficacité alimentaire via le gain de poids résiduel (rBWG) et génotypés pour estimer les paramètres génétiques. Sur la base des valeurs génétiques estimées, deux groupes ont été créées : les rBWG+ avec les 120 poissons les plus efficaces et les rBWG- avec les 120 poissons les moins efficaces. Ces 240 poissons ont été élevés en 6 groupes de 40 poissons jusqu'à 750g. Ensuite, nous avons mesuré le poids, la teneur en lipides du filet, les poids du filet, de la tête, des viscères et de la carcasse étêtée. La composition en acides gras des filets a été déterminée par chromatographie en phase gazeuse et une analyse par imagerie IRM nous a permis d'étudier la répartition des lipides dans le filet.L'efficacité alimentaire (rBWG) était héritable (0,22 ± 0,08). Il n'y avait pas de différence de rendement de filets et de carcasses étêtées entre les poissons rBWG+ et rBWG-. Cependant, les poissons à meilleure efficacité alimentaire rBWG+ présentaient un dépôt de gras viscéral significativement plus élevé ainsi qu'une tête plus petite que les poissons rBWG-. L'analyse par IRM a indiqué que les poissons rBWG+ étaient plus gras (13,5 % de matières grasses) que les poissons rBWG- (11,6 % de matières grasses). Cependant, toutes les zones du filet étaient également riches en lipides pour les deux groupes. Enfin, il y avait des résultats prometteurs concernant la teneur en EPA et en DHA, qui étaient plus riches chez les poissons plus efficaces. Ces résultats confirment un lien entre une plus grande efficacité alimentaire et une teneur accrue en lipides dans cette lignée de bar, une observation unique dans la littérature actuelle. Les niveaux élevés d'acide palmitique et d'acide palmitoléique chez les poissons plus efficaces suggèrent une plus grande tendance à convertir les protéines en lipides. Une hypothèse serait que ces poissons efficaces retiennent mieux les protéines, mais qu'en l'absence de croissance structurelle, ces protéines seraient converties en lipides. Le dépôt de gras viscérale plus élevé chez les individus plus efficaces soutien cette hypothèse. Notre étude nous a donc permis de mieux comprendre les conséquences physiologiques d'une sélection sur l'efficacité alimentaire chez le bar mais des interrogations persistes.