Arrêt de l’élimination des poussins males de la filière ponte : quelles conséquences environnementales de l’élevage des mâles frères et d’une souche à double fin ? Analyse de cinq scénarios alternatifs

Depuis la publication du décret 2022-137 du 5 février 2022, l’arrêt de l’élimination systématique des poussins mâles de lignée pondeuse a été mise en œuvre en France. Trois alternatives sont classiquement identifiées : i) l’ovosexage au couvoir ; ii) l’élevage des mâles de lignée pondeuse ; iii) l’utilisation de souche à double fin (DUAL). Si la première a été rapidement adoptée par la filière c’est notamment parce que les deux dernières ont des conséquences organisationnelles et économiques très significatives (CF. Quentin et al, JRA 2024). Elles le sont également sur le plan environnemental et l’objectif de ce travail est d’évaluer, au travers de cinq scénarios comparés, leur impact sur les indicateurs changement climatique, acidification, eutrophisation, compétition d’usage des sols et utilisation d’énergie proposés par La méthode ACV. L’impact environnemental de l’élevage des poules pondeuses blanches (BL), brunes (BR) ovosexé ou avec l’élevage des mâles a été évalué ainsi que l’élevage des mâles et femelles d’une souche DUAL. Des données issues d’un essai, des documents techniques des sélectionneurs et internes ont été utilisées pour les inventaires de cycle de vie. Les évaluations ont été réalisées grâce aux logiciels Means et Simapro. Dans chaque système, la somme des impacts causés par les différents produits est ramenée au nombre d’œufs produits sur la carrière de la poule considérée. L’impact environnemental de la mise en œuvre du sexage in-ovo n’a pas été évalué et a été considéré comme négligeable, ce qui donne à cette alternative le score environnemental le plus faible. En revanche, l’élevage des mâles BR ou BL présente un surcoût environnemental significatif de 7 à 9% supplémentaires. Concernant la DUAL, les meilleures performances de croissance des mâles de cette lignée pourraient améliorer le bilan environnemental mais les très significatives baisses de performances de ponte des femelles font de cette génétique, la plus couteuse sur le plan environnemental.