Publié le 1 mars 2019
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Etude présentée aux 13èmes JRA-JRFG
L'essentiel
L’alimentation des animaux d’élevage doit d’abord permettre de satisfaire les besoins nutritionnels des animaux pour atteindre les objectifs de production souhaités, en utilisant des matières premières autorisées par la réglementation et pour un coût acceptable. Mais aujourd’hui, la formulation doit aussi composer avec de nombreux enjeux et attentes sociétales diversifiées. La France se caractérise ainsi par une diversité de cahiers des charges, par nature contraignants, et dont les exigences évoluent : l’alimentation animale doit participer à la bonne santé et au bien-être des animaux, contribuer à la production de produits de bonne qualité sanitaire, organoleptique et nutritionnelle, limiter les impacts de l’activité d’élevage sur l’environnement, modérer la compétition pour les ressources alimentaires entre Homme et animal, favoriser l’utilisation de productions locales, non OGM et/ou issues de l’agriculture biologique ou encore s’inscrire dans des schémas d’économie circulaire. Ces évolutions s’inscrivent plus largement dans un contexte de transition des modèles d’élevage vers davantage de productions sous signe de qualité Label Rouge, agriculture biologique et autres certifications « nourris sans OGM » ou « matières premières végétales françaises » par exemple. La démultiplication des attentes sociétales, qui concerne toutes les espèces animales, accroit la pression sur certaines matières premières, et justifie la recherche de nouvelles sources de protéines pour demain.
Différentes voies sont explorées afin de proposer de nouvelles sources de matières premières riches en protéines pour l’alimentation animale. Parmi elles, citons de nouvelles productions (ex : insectes, algues) ou de nouveaux procédés de transformation (ex : blutage, dépelliculage, cracking) permettant d’améliorer la valeur nutritionnelle de matières premières classiquement utilisées. La connaissance toujours plus fine des besoins des animaux, mais aussi du profil nutritionnel des matières premières, valident l’intérêt de s’orienter vers des sources des protéines en adéquation avec les attentes du marché. C’est la prise en compte de leurs disponibilités, de leurs spécificités, mais aussi de la concurrence entre filières animales pour les capter, ou encore de l’utilisation possible pour d’autres usages, qui décidera de leur prix.
Dans le cas particulier des volailles, les tendances annoncent, d’ici 3 à 5 ans, une augmentation des productions biologiques et Label Rouge et une accélération de la demande pour des productions nourries sans OGM. Ainsi le tourteau de soja OGM importé, qui avait conforté sa place dans les aliments suite à l’interdiction des farines animales, est progressivement remplacé par du tourteau de soja non OGM importé ou français et des tourteaux secondaires (colza, tournesol). Pour ces derniers, le développement de procédés mécaniques permettant de concentrer les protéines et d’améliorer leur digestibilité, semble une piste intéressante pour les productions avicoles. Les volumes de tourteaux secondaires concentrés en protéines mis à disposition en France, et la capacité de la filière poulet de chair à les capter au détriment d’autres productions animales, seront cependant déterminants pour la généralisation de leur utilisation dans cette filière.
En conclusion, l’évolution des demandes sociétales est le moteur principal des changements de pratiques en productions animales en général, en alimentation animale en particulier. Néanmoins, les conséquences des substitutions de matières premières dans les formules sur les impacts environnementaux, le coût des produits, le bien-être animal ou encore l’autonomie protéique des filières animales méritent d’être observées pour anticiper d’éventuels comportements contradictoires.